Bertrand Calenge : carnet de notes

jeudi 22 octobre 2009

Non, décidément, je n’utilise pas Twitter…

Filed under: Non classé — bcalenge @ jeudi 22 octobre 2009
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Vous savez tous mieux que moi que le dernier endroit où l’on cause est Twitter. Ce site de micro-blogging, dont d’autres ont mieux expliqué que moi les caractéristiques et possibilités, connait des thuriféraires tels qu’ils annoncent parfois la fin des blogs au profit des billets de 140 caractères maximum qui sont telllllllement plus efficaces et réactifs ! Alors, il y a plusieurs mois, j’ai ouvert un compte sur Twitter, et me suis abonné aux fils (en langage Twitter : j’ai ‘suivi’) de quelques personnes prises au hasard de mes appétences professionnelles – y compris hors de France -. J’ai dû poster 5 ou 6 « tweets », ce qui a sûrement déçu les… 72 ‘followers’ (si, si !) qui m’ont emboité le pas ! J’ai regardé régulièrement les tweets reçus pendant des semaines, et n’ai repris que récemment cette activité, après avoir éliminé (virtuellement !) les personnes évoquant à longueur de messages leurs douleurs capillaires après des soirées arrosées, l’inconfort de leur fauteuil, la beauté des petits matins ensoleillés ou diverses ‘geekeries’smileys Forum. Et décidément, je persiste à ne pas utiliser Twitter (et à continuer de transpirer sur les billets de mon carnet de notes…).

Matt Hamm

Je crois connaitre tous les bons arguments pour l’utiliser, et je pense effectivement, comme Silvère, que Twitter est un bon outil d’alerte pour des bibliothèques (avis d’arrivée d’une nouveauté, alerte sur une exposition), sans doute plus efficace et ergonomique que le SMS dans la mesure où c’est l’utilisateur qui choisit de s’abonner au fil et non à la bibliothèque d’organiser des adressages personnalisés (encore que le SMS permet une personnalisation – voilà VOTRE réservation – que ne permet pas Twitter). Je devine également que c’est un excellent substitut aux dépêches AFP, le journaliste pouvant très rapidement et largement (et brièvement !) diffuser son information (voir ici ou ici), de même que le dissident iranien ou le témoin d’une manifestation. Même Maître Eolas s’est livré à l’exercice pour relater en temps réel le déroulé d’une audience : le résultat est savoureux…

Mon refus ne tient pas à un refus de principe ni à une acrimonie argumentée, mais à un choix personnel de rapport  à l’information. Considérons les quelques 50 tweets reçus aujourd’hui (et c’est peu, compte tenu du faible nombre de personnes que je suis) :
– 60 % au moins sont ni plus ni moins que des fils rss, parfois généré en tweets par des générateurs de fils tel Friendfeed . D’ailleurs, on peut aussi à l’inverse aspirer ses tweets vers Friendfeed !! Hallucinant smileys Forum!
– 30 % sont des tweets qui relayent le lien sur des articles qu’ils ont reçu par rss ou par tweet (on s’y perd…). D’ailleurs, si on veut être vicieux jusqu’au bout, on peut suivre les tweets de quelqu’un en s’y abonnant par fil rss, et la boucle est encore bouclée ou plutôt amplifiée !!
– 10 % racontent leur journée ou leurs mésaventures technologiques (en moins de 140 caractères je vous rappelle. Au moins c’est court…smileys Forum).

Bon, je ne suis peut-être pas les bonnes personnes (j’aurais du en essayer d’autres smileys Forum?). Mais qu’est-ce que j’en tire ?

  • 90% de ces tweets ne font que présenter en deux mot un lien (dit de type ‘tinyurl‘ car même les caractères des liens comptent dans les 140 caractères, et c’est utile quand un lien de 135 caractères comme http://sbibbh.si.bm-lyon.fr/cgi-bin/bestn?id=&act=15&rec=2&auto=0&nov=1&t0=twitter&i0=0&s0=5&v0=0&v1=0&v2=0&v3=0&sy=0&ey=0&scr=1&line=1 peut être résumé en un lien de 26 caractères : http://tinyurl.com/yh7jph2). Bref, le message n’est pas dans le tweet, mais dans le lien : et il en faut des blogs et des sites pour que la valeur d’information de Twitter puisse commencer à recevoir une quelconque justification !
  • 90 % des articles que je consulte grâce à des liens signalés au cours de mes navigations le sont parce que l’article ou le billet qui m’y a guidé développe une argumentation, propose un regard intéressant sur une question, et qu’ainsi j’ai envie d’aller creuser un peu. Le contexte suggestif du tweet est, reconnaissons-le, singulièrement pauvre (tout le monde ne s’appelle pas Félix Fénéon : “M.X…, de Montauban, nettoyait son fusil. On l’enterre demain”. (63 caractères) » – merci Maître Eolas  !).
  • Mon agrégateur Netvibes – grâces lui soient rendues ! – ne compte pas moins de 70 flux rss soigneusement choisis (sans compter le flux de flux constitué par le Bouillon personnel de Silvère – pas le Bouillon collectif, pour des raisons similaires à celles qui me font rejeter Twitter…). Et si j’en ajoute chaque mois, j’en retire au moins autant – vieux principe de désherbage qui me parait également sain dans la gestion de l’information personnelle pour simplement… être capable de comprendre ce que je lis en en ayant le temps !smileys Forum

Je ne doute pas que Twitter puisse permettre pleins de services et d’usages drôlement intéressants (ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit), et je suis sûr que plein de marqueteurs, voire même des professionnels soucieux de rendre service , vont les inventer ou en ont déjà trouvé. Mais je me demande si cette sidération du flux, cette exacerbation du débordement et du ‘jamais trop plein’ n’est pas par certains côtés, sous des dehors de sociabilités transparentes, contre-productive…
smileys Forum

En tout cas, moi j’arrête d’utiliser Twitter.

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samedi 27 juin 2009

Outils 2.0 pour quels publics ? ou Quand il faut penser usages

Filed under: Non classé — bcalenge @ samedi 27 juin 2009
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Une fois n’est pas coutume, je me lance dans un billet technique Web 2.0. Je préfère en général proposer des réflexions sur les stratégies ou les perplexités à l’œuvre dans les bibliothèques, et pour lesquelles des outils ad hoc seront parfois imaginés par des personnes bien plus talentueuses, mais quand je trouve des bidouilles simples et vraiment utiles, je ne peux m’empêcher de les transmettre (un réflexe de comm’interne sans doute…). Ce qui pose la question de l’utilité, et donc des destinataires… On s’attachera ici à la dissémination des accès au catalogue, en donnant deux exemples concrets.

Un premier public : nos visiteurs fervents utilisateurs de nos collections

Lully, sur son blog « Encore un biblioblog…« , est une de ces personnes talentueuses qui manipule à merveille mashups, CSS, API et autres Yahoo pipes. J’admire, tout en pataugeant généralement dans ses explications , mais un de ses billets m’a suffisamment intrigué pour que je me lance. Le concept est simple : un internaute qui utilise le navigateur Firefox (quand même 1/3 des internautes… même si les Services informatiques des bibliothèques imposent souvent Internet Explorer pour les personnels   smileys Forum) peut télécharger sur Mozilla addons (le réservoir des thèmes et autres modules à la carte du navigateur) un plugin Add to search bar qui permettra d’intégrer de nouveaux moteurs de recherche dans la barre de recherche de Firefox. Ce plug-in a une particularité: une fois qu’il est installé dans Firefox, il est capable de reconnaître un grand nombre d’outils de recherche quand on se positionne dans la fenêtre de recherche d’une base de données qui vous intéresse. Prenons par exemple un catalogue de bibliothèque (Lyon au hasard) : vous accédez à la page de recherche, vous choisissez l’index le plus large – par exemple ici Auteur-Titre-Sujet combinés -, vous faites un clic droit dans la fenêtre de rédaction de la requête et choisissez dans le menu contextuel « Ajouter à la barre de recherche », une fenêtre s’ouvre, vous proposant de nommer cette base, vous le faites… et c’est tout !

un simple clic droit dans la fenêtre de requête

un simple clic droit dans la fenêtre de requête

Désormais, dans la barre de recherche de Firefox, vous pouvez choisir de chercher un terme ou un ensemble de termes dans Google, Wikipedia, Yahoo, .., et dans le catalogue de Lyon !

J’ai fait ces quelques manipulations simples, et j’ai ajouté aussi bien l’OPAC de la BmL que son métacatalogue Catalog+ (qui, non content d’intégrer l’ensemble des ressources de toutes les bases et catalogues de la Bibliothèque de Lyon, fonctionne sur des requêtes en langage naturel) !

en fin de liste, le catalogue BmL et Catalog+

en fin de liste, le catalogue BmL et Catalog+

Apparemment, il est des moteurs de catalogues avec lesquels ça ne marche pas : essayez avec le vôtre !

Quel intérêt ? Les visiteurs utilisateurs de nos collections disposent largement d’Internet chez eux ou au travail. Ils fréquentent le site web de la bibliothèque, dont 49 % connaissent l’existence selon une récente enquête de fréquentation (et 86 % des visites sur le site web conduisent au catalogue, selon Alexa !). On a vu que 33 % d’entre eux utilisent Firefox. Leur signaler cette manipulation par une communication adaptée leur permettra de vérifier rapidement, sans faire les quelques clics qui les obligeraient à aller d’abord sur le site de la BmL puis sur le catalogue puis sélectionner le champ de recherche le plus large, qu’un titre, auteur ou sujet est bien à la bibliothèque, et vérifier dans la foulée son état de disponibilité voire le réserver (puisque la barre de requête de Firefox les emmènera directement dans le résultat au sein du catalogue) ! Seul bémol : les utilisateurs doivent la première fois répéter leur requête, car il faut passer par la page d’accueil du catalogue pour recevoir un cookie qui les reconnaitra ; mais après, plus de problème tant que le cookie n’est pas supprimé (ah ! ces fichus systèmes clos et incapables de laisser leur contenu simplement offert du premier coup !…)

L’atout de l’outil tient ici en deux points : les utilisateurs potentiels du plugin sont nombreux, et l’outil qu’ils doivent télécharger est un outil non cantonné à UNE bibliothèque ou base de données mais utilisable sur d’autres donc plus facilement intégrable à un univers personnel.

Un second public : nos collègues acquéreurs

Il y a quelques mois, Notre Silvère bibliobsédé nous signalait une autre bidouille (ne vous y trompez pas, le terme est élogieux !!) concoctée par un jeune ingénieur souhaitant retrouver  instantanément sur la Fnac ou Amazon la disponibilité d’un titre dans une bibliothèque de son choix, sans même quitter la page où il naviguait, grâce à une fonctionnalité merveilleuse de Firefox (encore !) mais également adaptée pour Internet Explorer (quand même !) : il faut télécharger un autre plug-in – Greasemonkey : il modifie l’aspect des pages web ! -, choisir ses bibliothèques sur une carte ad hoc et ajouter celles qu’on veut, puis télécharger un plug-in spécifique. Une fois ces opérations terminées, une navigation sur la Fnac ou Amazon signale en-dessous de chaque titre si la(les) bibliothèque(s) choisie(s) possède(nt) ou non le titre par un code simple rouge ou vert. Explications complètes ici. Là encore, tous les catalogues ne répondent pas aux normes techniques permettant la manip’, mais il y en a un bon nombre !  Chapeau l’artiste ! Voilà ce que ça donne pour Lyon :

le catalogue BmL dans la Fnac

C’est vrai que l’outil est génial. Je suis en contact avec l’ingénieur concepteur du plugin – en vue d’élargir le panel des libraires et fournisseurs concernés -, mais plus pour mes collègues acquéreurs que directement pour nos lecteurs (même si bien sûr j’encouragerai la communication d’un tel outil auprès des lecteurs amateurs des collections). Pourquoi ?

La raison en est un peu floue, je l’accorde, et relève plus de l’intuition que du raisonnement valablement argumenté. Organisons les différents éléments :

– les manipulations sont nombreuses, et nécessitent une réelle maitrise des outils (deux plugins à télécharger, plus une sélection à opérer sur une carte dédiée) ;

– l’application ne fonctionne que sur une liste limitée de sites de libraires ;

– une fois l’information visible sur le site de libraire (la ou les bibliothèques sélectionnées possèdent l’ouvrage), il faut quitter le site du libraire et se rendre sur celui de la bibliothèque pour rechercher l’ouvrage.

Bref, c’est un outil de correspondance libraire –> bibliothèque réellement ingénieux. Mais quelque chose me dit que les amateurs et internautes et experts et amateurs de sites de libraires et passionnés de bibliothèque ne sont peut-être pas si nombreux que cela… Une fois encore, cela n’interdit pas de leur suggérer l’outil au sein de chaque site de bibliothèque, bien au contraire smileys Forum !

En revanche, il existe un autre public très directement intéressé au quotidien : les bibliothécaires acquéreurs. En effet, lorsqu’après lecture de nombre de critiques et sites spécialisés le bibliothécaire entre en phase active d’acquisition, il se connecte à des sites de libraires ou fournisseurs de notices (tels Electre, Amazon ou Decitre) en gardant constamment à l’esprit une question sous-jacente : « avons-nous le document à la bibliothèque ? ». En général, on commence par régler cette question en opérant une série de requêtes dans le catalogue pour éliminer les ‘déjà acquis’, avant enfin de s’attaquer à la question de la disponibilité et de la commande smileys Forum . L’outil de Damiano Albani (l’ingénieur en question) économise une étape lourde et fastidieuse, celle du tri préalable au sein du catalogue (à condition bien sûr que les titres en commande soient accessibles sur le catalogue en ligne). On établit sa liste au vu des choix critiques opérés… et on va directement au site du libraire en économisant le passage de tri via le catalogue  !! (et en plus si on utilise Moccam-en-ligne, on génère en même temps les paniers de commande et les notices d’acquisition du catalogue local !). Et en plus c’est gratuit smileys Forum !

Bref, on a là un public rêvé pour un outil parfaitement ergonomique. En l’occurrence ce n’est pas là tant le public de nos visiteurs-consulteurs-emprunteurs que le public de ceux qui les servent, les bibliothécaires ! Cela n’enlève rien à la valeur de l’outil, mais en vectorise l’intérêt.

L’outil est à la fois au service de la stratégie et asservi aux usages : gardons cette règle à l’esprit dès qu’on nous propose une innovation.

Non ?

jeudi 4 juin 2009

Biblio-fr s’arrête…..

Filed under: Non classé — bcalenge @ jeudi 4 juin 2009
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La nouvelle se répand bruissante dans toutes les bibliothèques : biblio-fr s’arrête. Dans un premier temps (personnel) je m’en veux d’avoir écrit ce billet qui a provoqué moult réactions (une collègue est même venue me voir en me regardant comme un meurtrier virtuel smileys Forum), dans un deuxième temps une grande impression de vide, m’a envahi, comme beaucoup d’entre vous j’imagine, devant cette perte symbolique aussi irréelle dans son annonce que le serait la disparition de l’ABF.

Cette disparition était, je le sais, évoquée par Hervé Le Crosnier bien avant mon billet, et nul n’imaginera – j’espère bien ! – que j’aie le pouvoir d’anéantir une liste de diffusion comptant plus de 17 000 abonnés, ce qui me rassure.
Quant à cet arrêt de la liste, lisez bien le message de Sara et Hervé jusqu’au bout : « Nous diffuserons toutes les idées qui pourraient s’inscrire dans la suite de l’aventure de biblio-fr : si vous voulez créer un site web, un blog, une autre liste de débat… qui participe du projet global d’intéresser les
bibliothécaires, nous diffuserons votre message. À vous de trouver les mots, de convaincre vos lecteurs.
 »

Biblio-fr ne s’arrête pas vraiment, il fait appel à l’intelligence de ses presque 18 000 abonnés actuels (et aux désabonnés). C’est un défi qui sollicite le recours à la collectivité des bibliothécaires et personnes intéressées par les bibliothèques. Cette dimension collective à laquelle les bibliothécaires se disent tellement attachés…

Alors, à vos claviers ! Faisons surgir les suggestions d’une communication adaptée à des milliers de bibliothécaires souvent maladroits dans la manipulation des outils du web 2.0, mais avides d’informations souvent triviales, de débats sur des questions parfois dérisoires, tellement avides !!

Mais ne proposons pas de refaire un « couteau suisse » de l’information bibliothécaire : les questions techniques de gestion professionnelle disposent désormais d’un service de Questions-Réponses ad hoc grâce à l’Enssib, offres et demandes d’emploi gagneraient à disposer d’un fil spécifique, etc. Il faudra à mon avis proposer des pistes complémentaires, et non tellement généralistes qu’elles en deviendraient cacophoniques.

Bref, et comme toujours avec biblio-fr, c’est nous qui avons la parole, cette fois-ci pas pour demander, informer ou récriminer, mais pour construire un nouveau visage à biblio-fr… Merci à Hervé et Sara pour offrir cette ultime opportunité !

Et il va bien falloir maintenant que je participe aussi à cette réflexion collective smileys Forum . Rendez-vous donc encore sur biblio-fr !!

samedi 29 novembre 2008

J’en ai marre de biblio.fr

Filed under: Non classé — bcalenge @ samedi 29 novembre 2008
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Voilà 15 ans que, fidèlement et avec obstination, biblio-fr se fait dans nos boîtes aux lettres le relais des humeurs, annonces, débats, informations, offres et demandes d’emploi, bref de tout ce qui constitue le quotidien des angoisses des bibliothécaires. Une mine entomologique anthropologique, de mon point de vue, mais est-ce aujourd’hui encore un service, un espace de véritable échange ?

J’ai honte de mon métier quand j’assiste à certaines joutes que je n’ose même pas qualifier d’idéologiques (ce serait leur faire trop d’honneur, compte tenu des arguments échangés), à des affirmations sans preuves, à des questions ahurissantes dont la teneur témoigne de l’ignorance du minimum minimorum du métier, etc. Je ne source pas, je sais, mais vous avez essayé de sourcer sur un débat dans biblio-fr ?

On dira avec raison que c’est le flot de la vie, des envies, des rancoeurs, des philosophies parfois, de l’utilitarisme souvent, qui s’écoule… Ce n’est pas grave !!! Non, ce n’est pas grave, mais ça commence à ressembler à un dépotoir !

Pardon à Hervé Le Crosnier, créateur et animateur, et encore plus pardon au quotidien à Sarah Aubry, inlassable ‘collationneuse’ qui régule cet espace parcouru par un nombre impressionnant d’abonnés. Je respecte l’idée, le travail de tri que j’imagine très difficile et surtout abondant, et surtout cette prémonition géniale entre toutes qu’était, en 1993, celle de mettre en réseau les bibliothécaires, enseignants en sciences de l’information et personnes intéressées par les bibliothèques et la documentation. Le succès est indubitablement au rendez-vous : tout le monde connait biblio-fr.

Enfin ‘tout le monde’, presque ! Aujourd’hui oui pour les demandeurs ou offreurs d’emploi, oui pour ceux qui jettent une bouteille à la mer faute d’une formation professsionnelle idoine, oui pour ceux qui veulent promouvoir leur programme culturel (curieuse idée, soit dit en passant, de ne pas plutôt consacrer cette énergie aux publics destinataires : j’avoue hésiter à aller découvrir depuis Lyon la soirée contes de la bibliothèque de St Pineau les Charentes qui se déroule ce vendredi à 21h…), oui pour ceux qui veulent balancer leurs états d’âme voire s’étriper dans des débats que je qualifierais parfois d’hallucinants (je veux bien citer des noms sous la torture, mais heureusement beaucoup comprendront ce que je veux dire !). Mais les autres ? Les professionnels en quête d’un espace d’échange vraiment professionnel ?

« La mauvaise monnaie chasse la bonne » : ce vieil adage médiéval est on ne peut plus d’actualité hélas pour nos porte-monnaie. Mais je crains que biblio-fr en soit également la victime. Désolé, Hervé et Sarah, mais biblio-fr est devenu une pétaudière insipide ! Je reste abonné à la liste de par mes fonctions : je guette l’infime perle que je pourrai réadresser à un service du fait de ses compétences. Bien entendu, je guette aussi les perles qui me fourniraient des informations pertinentes. Le bilan calculé sur ces dernières semaines frise le taux de rentabilité des gisements aurifères du Jura suisse !!!!

Bien sûr, je n’oublie pas les offreurs et demandeurs d’emploi pour lesquels biblio-fr est une ressource essentielle, indispensable même. Bien sûr, je n’oublie pas son rôle majeur comme vecteur d’information sur les colloques, séminaires et autres conférences professionnelles. Bien sûr enfin je n’oublie pas son importance essentielle pour signaler une parution d’intérêt professionnel. Mais zut alors (et je suis poli), je n’ai pas besoin de voir ma boite aux lettres envahie par des déclarations d’intention, des annonces d’heures du conte, des changements d’adresse, etc.

L’idée est généreuse : le lien. Le problème, c’est le succès, et avec le succès la possible médiocrité des contributions. Quand j’ai douze messages qui signalent des modifications d’horaire ou d’ouverture de bibliothèques lointaines, et douze autres manifestes syndicaux, et encore douze annonces d’animations très locales, douze appels au peuple d’organismes de formation en mal de stagiaires pour une session spécialisée à Théodoric-le-vieux, et pour couronner le tout douze messages de personnes qui se plaignent des concours, des horaires, des  lecteurs, des chefs, de l’Etat, voire de la wifi ou de la RFID, je craque !!!!!!!

J’aime bien le butinage, mais à mon gré. Beaucoup de mes collègues se sont désabonnés de biblio-fr, épuisés (ils comptent sur moi pour faire le désherbage et le réadressage éventuel !). Et moi j’ai acquis l’art de juger aux titres des messages avant d’en supprimer 95% sans les lire, avec la secrète envie d’ajouter biblio-fr à la liste des spammeurs…

Sans compter que j’ai professionnellement honte de la teneur de beaucoup de pseudo-débats qui s’y déroulent. En fait, c’est le jeu de la messagerie: pas un  vrai débat, mais une succession d’affirmations catégoriques qu’on découvre au fil des jours. Même un  forum fait mieux. La messagerie n’est pas support de développement cohérent d’une argumentation. Et j’ai remarqué que la quasi-totalité des professionnels que je lis attentivement sur leurs sites, et qui à mon avis font avancer pour certains la réflexion, n’écrivent jamais de messages sur biblio-fr (sauf Dominique Lahary, maître polyvalent de la pensée poly-jaillissante. Bravo !)

Et pourtant, nous savons tous que biblio-fr est ‘quelque part’ indispensable. Mais comment ? Sous quelle forme ? Pour quoi faire ? J’imagine fort bien que biblio-fr se voulait à l’origine une sorte de dazibao. Bravo, surtout en 1993 ! Mais les bibliothécaires, à défaut d’en faire d’abord une pépinière d’idées et de débats, en ont fait un fourre-tout : composante d’un marketing mal pensé, substitut d’ANPE, journal d’annonces, mur à graffitis, etc. Abattre biblio-fr au nom de la modernité ? Mais les blogs actuels, même de qualité, restent des univers personnels, non des lieux de débat. Comment redonner à biblio-fr ou à un autre lieu une fonction de débat collectif et non de « mur à messages », non maîtrisée par UN blogueur mais par un arbitre qui ne se contente pas des commentaires dissimulés à la fin de son billet ?

J’imagine fort bien que ces questions animent les pilotes de biblio-fr. Mais vous, qu’en pensez-vous ?

mercredi 22 octobre 2008

La réalité dépasse (toujours) la fiction

Filed under: Non classé — bcalenge @ mercredi 22 octobre 2008
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Il est toujours étonnant de voir la vitesse à laquelle les gens peuvent s’enflammer et projeter leurs fantasmes sociaux dans l’avenir. On a tout connu : de l’an mille qui allait apporter soit la paix de Dieu sur terre soit la fin du monde (et hop, on a remis ça en l’an deux mille), à la « fée électricité » qui allait relier les hommes et apporter la paix, ou à la télévision qui allait apporter le savoir dans tous les foyers, ou à la conquête spatiale par l’homme qui nous ouvrirait de nouveaux espaces de peuplement avant l’an 2000, ou encore à Internet qui allait créer un village mondial rousseauiste idéal. Je passe charitablement sur le modeste exemple du crédit hypothécaire qui, de l’avis des plus hautes autorités, allait très récemment encore relancer toute l’économie…

Quand un inventeur, entrepreneur ou bidouilleur propose quelque chose de nouveau, il y a toujours une bande de fans qui, au lieu de simplement vanter l’intérêt prosaïque de cette création, croit bon d’imaginer que la face du monde va nécessairement en être changée. Le problème, c’est que si la création doit changer la face du monde, c’est d’une façon que les contemporains de l’instant de la création sont en fait incapables d’imaginer. Sans parler des médias, la futurologie s’est intéressée à Internet dès ses balbutiements. A ma connaissance (détrompez-moi, SVP), par exemple elle n’a jamais été capable de concevoir précisément avant le XXIe siècle  le radical changement du modèle économique de la production et de la diffusion de l’information qui intervient en ce moment. D’autres inventeurs se sont greffés sur l’outil initialement créé et en ont modifié l’usage… Prévoir l’avenir social à partir d’une unique invention est déjà une gageure, mais quand l’invention en génère d’autres, ça devient farfelu…

Ou alors il faut être écrivain : on imagine des mondes nouveaux, on mixe l’actuel et les outils, on greffe dessus des préoccupations universelles, et on crée un monde. Avec beaucoup d’écrivains de science-fiction, on peut toujours dire qu’un auteur a eu une intuition géniale. Sauf qu’heureusement ils ne se prennent que pour ce qu’ils sont : des inventeurs d’imaginaire. Pas des futurologues.

Plutôt que de chanter les louanges de tel nouvel outil en évoquant les nécessaires bouleversements planétaires qu’il va provoquer, il est beaucoup plus intéressant de se pencher sur le réel social : non pas ce que les gens « vont faire » (croit-on), mais ce qu’ils font et surtout comment ils le font, et analyser en quoi tel ou tel outil peut être appréhendé et rencontrer leur intérêt voire leur façon de procéder. En quoi l’innovation peut être perçue,  acceptée et intégrée. C’est l’objet que poursuivait il y a quelques années une équipe de l’Université Pierre Mendès-France à Grenoble, CAUTIC, pilotée par Philippe Mallein, et reprise par une société privée : la conception assistée par l’usage. L’objet questionné n’est pas l’invention, mais les modalités de son appropriation par d’autres personnes, dont le public. Car la vraie invention à incidence sociale est celle qui est appropriée et parfois transformée : les blogs d’il y a 10 ans, volontiers considérés avec un indulgent mépris comme des comme des carnets intimes de lycéens, sont aujourd’hui en passe de supplanter le journalisme d’information, quand ils ne sont pas massivement alimentés par ces mêmes journalistes.

Arrêtons de prédire l’avenir : la réalité mouvante dépasse et transforme toujours la fiction techno-utopique. Pour rester en 2008, le web 2.0 ne signe pas une transformation sociale par ses promesses : ses usages discrets, ses tentatives d’utilisation à des fins diverses, la façon particulière dont il s’intègre ou non à différentes formes d’usages doivent être examinés avec attention. Mais sans arrière-pensée triomphaliste voire millénariste !

samedi 2 août 2008

Des outils sociaux ?

Filed under: Non classé — bcalenge @ samedi 2 août 2008
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Dans un récent billet – en anglais-, Matthew Ingram s’interroge sur l’utilité des outils sociaux, à l’occasion de la nouvelle version de Delicious, et il se demande « mais qui se sert encore des signets sociaux ? ». Cette question des outils sociaux me tarabuste également.

Déjà parce que leur caractère socialement réticulaire me paraît surestimé : Comme le rappelle la ‘La bibliothèque apprivoisée‘ , Jacob Nielsen a souligné que

« 90 % des visiteurs d’un site sont passifs, 9 % contribuent occasionnellement, et 1 % sont à l’origine de l’essentiel de la participation »…

Même si certains outils peuvent être sociaux par opportunité voire par destination, comment sont-ils vraiment utilisés ? Je me suis inscrit – pour voir – sur Ning, je suis allé faire un tour sur LinkedIn et sur Facebook, j’ai mon agrégateur de flux (Netvibes, c’est génial !), j’utilise quotidiennement Delicious, et je tiens même un blog !! Mais de quel réseaux sociaux parle-t-on ? LinkedIn ressemble à une ANPE sophistiquée, Facebook me semble relever de l’exhibitionnisme, etc. Il me reste ce qui me facilite la vie quotidienne et mon travail : les fils rss, l’agrégateur Netvibes et ses widgets bien utiles, les annuaires de signets en ligne de type delicious, et les autres essais s’élaguent d’eux-mêmes. Et s’il faut dialoguer pour résoudre une question, ces bons vieux forums sont encore un des meilleurs « outils sociaux » qui soient (c’est d’ailleurs amusant de voir que la quasi-totalité de l’activité de l’espace ‘Bibliothèques‘ sur Ning soit le forum) !

Suis-je atypique ? A questionner autour de moi, bien au contraire ! De nombreuses personnes découvrent avec jubilation certains de ces outils, mais c’est en général une jubilation égoïste. Alors qui se sert encore des outils sociaux ? Plein de gens en fait. Mais pas tous les outils, seulement ceux qui apportent une vraie plus-value utilitaire. Et pas pour leur caractère soi-disant social…

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