Bertrand Calenge : carnet de notes

vendredi 19 mars 2010

Qu’attend-on des collections en libre accès ?

Filed under: Non classé — bcalenge @ vendredi 19 mars 2010
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Un billet d’Actualitté annonce, façon scoop, « 10% d’ouvrages jamais empruntés à la bibliothèque centrale de Cardiff« …  Damned, réagira le lecteur zappeur, avant de passer à la brève suivante sans s’y attarder davantage.
Au contraire, arrêtons-nous sur cette information, en nous interrogeant sur la raison qui l’a jugée digne d’être publiée. Est-ce si étonnant que certains titres ne rencontrent jamais leur(s) lecteur(s) ? Après tout, aucune bibliothèque ne constitue ses collections en suivant les seules demandes explicites de lecteurs particuliers.  Ou bien ne laisse-t-on pas imaginer qu’il y a derrière cette ‘déficience’ un défaut de gestion, une inutilité latente, une incapacité professionnelle, bref un jugement négatif à porter – laissons le choix – aux politiques publiques, aux incompétences bibliothécaires, aux déficits contemporains de lecture, voire à la gabegie ?!? Seule indication complémentaire apportée par Actualitté, les ouvrages en gallois sont plus touchés par cette (relative) désaffection que les ouvrages en anglais. Bon, et alors ?

Aparté préalable : compte tenu de ce que j’ai lu sur Actualitté et de ce que j’ai découvert sur le site des bibliothèques de Cardiff, j’imagine que le constat de non-emprunt ne porte que sur les collections proposées en libre accès, sans inclure d’éventuelles réserves patrimoniales. Et bien entendu ne concerne que les documents qui ne seraient pas réservés à la consultation sur place. Enfin sans que j’aie pu vérifier s’il s’agissait de non-emprunt absolu (jamais) ou relatif (depuis X années).  Il est important de souligner pour ce cas d’espèce que le débat initié par le journal The Guardian porte sur l’éventuelle nécessité de désherber les ouvrages en gallois, très minoritaires en volume mais plus largement victimes de ce désintérêt…


Quelles collections en libre accès ?

Laissons de côté – pour l’instant – la question galloise, et examinons cette autre question plus générale : que souhaitons-nous voir en libre accès, et pourquoi ? On a coutume de dire que les collections disposées en libre accès sont destinées au public le plus abondant pour un usage le plus étendu, les collections  dont le succès s’est éteint ou qui sont sensées toucher des publics moins prégnants étant quant à elles éloignées dans une partie de magasins que j’aime à appeler la « réserve active ». Bon, ça, c’est le principe de base. Mais dans les faits, construire finement les ingrédients d’un libre accès en volumétrie nécessairement contrainte fait intervenir bien des ressorts différents. En se cantonnant aux bibliothèques publiques et aux documents empruntables, arpentons-en quelques arguments :

  • au premier plan sera évidemment examiné le succès espéré – puis à l’heure du désherbage le succès constaté – des documents proposés. C’est un pari sur l’appétence pressentie de nos publics, en même temps que c’est une forme de prescription douce, car les collections en libre accès se voient, et apparaissent souvent aux publics comme la totalité des ressources proposées ;
  • Mais intervient ensuite la pression de l’imaginaire social : il est des titres qu’ « on ne peut pas ne pas avoir »… et surtout présenter visiblement. Je pense à ces oeuvres ou auteurs emblématiques d’une culture scolaire qu’on hésite à soustraire du libre accès même lorsqu’ils ne sont pas « au programme ». Personne n’étudie cette année  « La légende des siècles« … et personne ne l’emprunte ? Ben oui mais, quand même, on ne serait pas crédibles si on ne peut pas le présenter visiblement ! Soit dit en passant, c’est un argument qui peut être redoutable si la collection de classiques est abondante… et la place mesurée !
  • N’oublions pas l’argument culturel des bibliothèques. Par exemple, chacun sait que les ouvrages de poésie sortent peu, mais chacun revendique également que la poésie fasse acte de présence, ne serait-ce qu’en témoignage et en opportunité de découverte. Plus localement, les bibliothécaires veulent – et c’est tout à leur honneur – convaincre, stimuler la curiosité, et on s’ingéniera à proposer des textes qu’on sait moins médiatiques voire moins accessibles pour tenter de leur gagner quelques découvreurs ; cela pourra opérer pour des catégories (les petits éditeurs, une littérature exotique mal connue, …) ou pour des titres singuliers.
  • Et puis survient l’écrasant impact des contenus véhiculés et appréhendés via Internet. Le constat des prêts, depuis le début du présent siècle, fait apparaître un effondrement des emprunts de certains types de documents : par  exemple, les livres de droit ou  d’histoire sont massivement abandonnés par les publics emprunteurs. Mais peut-on abandonner l’encyclopédisme implicite qui régit notre représentation du libre accès ? Jusqu’où ? Comment ? Et, très souvent, l’argument représentatif prend le dessus… parce qu’il serait impensable de ne pas présenter concrètement et de façon visible la globalité du savoir, dût ce dernier parfois naviguer beaucoup plus efficacement via les tuyaux du Net…
  • Enfin il y a le syndrome gallois –  si j’ose dire – qui nous renvoie au billet initial d’Actualitté : le miroir tendu aux publics. Si certains pays reconnaissent les logiques communautaires – tel le Canada, où les volumétries de collections doivent être alignées sur les volumétries linguistiques des populations servies ; ou telle la Suède ou le Danemark qui n’imagineraient pas d’accueillir une communauté allophone sans lui construire un appareil de collections dans sa langue maternelle -, le coq gaulois est moins sensible à ces différences culturelles. Emporté par son idéal républicain universaliste, il cherche à intégrer l’étranger et, vestige des hussards noirs de la République, il pose la langue et la culture française en acteurs majeurs de cette intégration. Toutefois, non sans scrupules, le bibliothécaire cherchera souvent à proposer des magazines dans les langues maternelles d’immigrés, voire construira quelques pans de collections dans ces langues. Cherche-t-on vraiment à en faire des collections actives dans l’espace de libre accès, ou n’est-on pas parfois dans la monstration symbolique d’un miroir séducteur sensé attirer ces publics trop souvent absents ?

Le libre accès n’est pas, et ne peut pas être, un espace documentaire strictement utilitaire, dont la pertinence ne s’évaluerait qu’à l’aune du taux de rotation. Sa composition et son évolution répondent à des intentions subtiles, et sont le fruit d’une tension entre elles. Aucun des arguments présentés plus haut n’est condamnable, comme aucun n’est tenable à lui seul. C’est comme la cuisine : tout est question de dosages…

Sur quels arguments opérer un retrait du libre accès ?

Le dosage initial est une chose,  l’examen du libre accès après une année ou deux passées au karcher des usagers, c’en est une autre. Nous ne sommes plus alors dans les subtilités de la construction, mais devant la brutalité des appétences et désintérêts des publics que nous avons accueillis. Les choix personnels et mûrement réfléchis des bibliothécaires doivent affronter les choix radicaux de leurs destinataires. Oh, on peut bien prétendre que les étagères sont mal fichues, que tel recoin est trop inaccessible, que l’éclairage est défectueux, ou que l’on n’a pas suffisamment su mettre en valeur tel ou tel segment… Alors on déplace, on réorganise… Et puis certains désintérêts persistent, flèches saignantes au coeur de notre bonne volonté.

J’ai très longuement examiné tous les arguments qui peuvent conduire à maintenir en libre accès des documents empruntables qui ne l’étaient toujours pas (empruntés) au bout de deux ou trois années d’efforts d’aménagements documentaires et de stimulations diverses. Je n’en ai pas trouvé de valable, pour autant qu’on veuille se rappeler que le principe du libre accès, c’est justement et avant tout la liberté des choix des visiteurs.
Une vérification statistique à Lyon me montre que sur l’ensemble de la bibliothèque, 81% des documents empruntables présents en accès libre ont été empruntés sur la seule année 2009, proportion pouvant s’élever à 91 % pour les bibliothèques les plus sourcilleuses de la pertinence de leurs collections.

A partir de ce constat, j’imagine qu’on peut proposer l’élagage de presque tous les exemplaires empruntables qui, proposés 3 ans de suite et éventuellement déplacés, mis en valeur différemment, n’ont pas réussi à rencontrer leur(s) lecteur(s). Et il me semble de bonne politique de conserver la liste des titres  non prêtés une année donnée et pourtant non élagués pour diverses raisons , afin d’en examiner attentivement le résultat à la fin de l’année suivante.

Mais, me direz-vous, avec ce système, on est sûr d’éliminer tous les titres un peu difficiles d’accès ou peu médiatiques (à commencer par la poésie dont nous parlions tout à l’heure) ! Pourquoi, « on est sûr » ? Ce type d’affirmation est au fond très méprisant pour les publics qui nous fréquentent, et surtout signale une approche tordue des statistiques. Je parlais bien de documents jamais prêtés, pas de documents beaucoup prêtés. Or, par exemple, l’examen de la poésie dans deux bibliothèques à mon avis très bien tenues du réseau lyonnais montre que :
– pour la première (32 000 documents environ), sur 239 ouvrages de poésie présents dans la bibliothèque depuis plus de six mois, 170 ont été empruntés en 2009 (71%) ;
– pour la seconde (26 500 documents), sur 308 ouvrages de poésie, 200 ont été prêtés en 2009 (65%).
Certes, en termes de volumétrie, ce sont peu de prêts comparé aux succès de bandes dessinées ou de romans médiatiques. Et alors ? Je ne prône pas la rentabilité à outrance, je réclame que les documents que nous proposons en libre accès rencontrent leurs lecteurs, si peu nombreux soient-ils !! Il ne faut pas faire injure à nos emprunteurs : ils sont beaucoup plus curieux qu’on le croit ! Et leur goût de la découverte, encouragé par la liberté offerte à leurs choix, les entraine beaucoup plus souvent qu’on le croit vers les rivages improbables  que nous leur proposons. L’important, dans mon propos d’aménageur d’espaces documentaires, ce n’est pas que les collections connaissent une rotation maximale, c’est qu’elles soient toutes efficaces, fût-ce à doses homéopathiques.

Faut-il pour autant ne se référer qu’aux prêts ? Pas nécessairement. Mais attention, pas pour d’idéologiques arguments culturels qui voudraient maintenir un titre que le bibliothécaire trouve génial mais que le public s’obstine à dédaigner. Il faut abandonner la sidération devant l’oeuvre, et penser collections :

  • Je construit un « rayon » d’astronomie que je pense pertinent ;  j’y ai volontairement introduit quelques titres comme « L’astronomie populaire » de Camille Flammarion, dont je sais fort bien qu’il représente davantage un symbole généalogique, une icône, plus qu’une ressource pour un appétit d’emprunt. Il a toutes les chances de ne pas rencontrer son emprunteur, mais il incarne la longue traine de la science que j’expose aux appétits des visiteurs. Pourquoi pas ? A condition que cette représentation symbolique soit clairement identifiée, et clairement bornée de façon draconienne ! Intuitivement, je conseillerais volontiers de ne pas aller au-delà de 5 % du rayon en question… et de veiller à valoriser régulièrement cette part généalogique pour lui faire rencontrer ses découvreurs potentiels.
  • Je veux « marquer le coup » en direction d’un public (donc d’un contenu) que je souhaite conquérir (donc faire s’approprier des contenus). Par exemple, je veux servir un public hispanophone (et nous rejoignons là la question de nos amis gallois, mais ce pourrait être le nouveau roman, ou le théâtre, ou…). Le piège, c’est de ne glisser que quelques titres en espagnol (livres, magazines) perdus dans une masse francophone : insuccès assuré ! Il faut au contraire créer une masse critique, une cohérence documentaire, qui donne aux hispanophones l’occasion de rencontrer une vraie collection, avec de vrais axes de force. Ce qui suppose parallèlement de suivre cet « isolat » comme une collection à part entière… et puis oui, d’y désherber, substituer des titres à d’autres titres délaissés, etc. Une expérience lyonnaise d’éparpillement des périodiques en langues étrangères m’a prouvé que la notion de masse critique est essentielle.
  • Parlons encore des « classiques ». Pour ceux que le succès d’emprunt auréole toujours (Tintin, Les Misérables,…), la question ne se pose pas. Reste la question de la représentation socio-culturelle. Jusqu’où accepter l’impératif des « classiques » ? Le problème de ces oeuvres ne réside pas tant dans les oeuvres elles-mêmes que dans leurs auteurs : depuis Flaubert, la révérence à l’auteur prime l’examen de l’oeuvre, et la sidération devant le génie (scolairement imposé) abolit volontiers la considération du visiteur. Or ces satanés classiques ont écrit des milliers de titres : où s’arrêter ? Comment oser reléguer l’un de ces derniers au profit des autres ? Un collègue lyonnais a proposé une solution raisonnable : les classiques étant utiles (encore les prêts !) essentiellement aux  scolaires, il convient d’examiner les programmes et d’y repérer les oeuvres – et non les auteurs – correspondant aux scolaires essentiellement concernés par la bibliothèque. L’exercice fut accompli à partir du Lagarde et Michard (version numérique) et a permit de cantonner les classiques à leur usage prévisible (i.e. sans envahir toutes les étagères…).

Qu’est-ce qui reste ?

Comme je l’ai déjà souligné, il est bien des secteurs pour lesquels les documents matériels – et en particulier imprimés – deviennent abscons dans leur disposition en libre accès. Banalement, on relèvera la fin des encyclopédies, ou celle des livres de droit (hors les synthèses sur les principes du droit). Quelques piliers référentiels peuvent encore être proposés. Pour le reste, l’ambition encyclopédique des bibliothécaires doit changer son point de vue. En particulier, dans nombre de cas, il faut passer du livre qui décrit à celui qui met en perspective : l’efficacité pratique, l’exactitude opératoire ou la précision terminologique appartiennent désormais à l’univers d’Internet, et les emprunteurs nous le disent clairement ; le récit des questionnements, la perplexité devant l’innovation comme devant la réitération, la réflexion sur les changements, mais aussi l’émerveillement de l’évasion, la force du rêve, tout cela reste à nos collections. Comme leur reste aussi, il ne faut pas se le cacher, les appétits de connaissance de ceux qui n’ont pas les moyens – matériels ou autres – d’aborder de front les multiples opportunités des flux.

Encore faut-il que ces stimulations rencontrent leurs publics.  Et, obstinément, je conclus à une gestion drastique et attentive de ces espaces documentaires en accès libre, si précieux et nécessaires. Bref, même en conduisant d’habiles et construites stratégies de séduction, il faut accepter la contrepartie du pari du libre accès : que les visiteurs participent et affirment leur avis. Au fond, c’est très 2.0, non ?.

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jeudi 4 mars 2010

Gérer concrètement une collection : une solution pratique

Filed under: Non classé — bcalenge @ jeudi 4 mars 2010
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C’est une plainte récurrente des bibliothécaires : les modules des SIGB sont trop souvent incapables de procurer des outils efficaces permettant de gérer non pas uniquement des documents individuels mais bien des collections. Outre leurs subtilités de syntaxe de requête, ils ont le plus grand mal à produire de façon fiable et ergonomique les états dont nous avons besoin. Par exemple :
– dresser une liste de tous les documents en libre accès d’un espace, ordonnée en fonction du nombre de prêts constatés l’année précédente ;
– établir la même liste ordonnée selon les cotes validées
–  produire l’état de tous les livres prêtables édités il y a plus de X années et n’ayant connu aucun prêt au cours de l’année précédente.
– etc.
Un collègue d’université m’écrivait encore récemment en déplorant cette déficience, et je me suis rendu compte que je ne vous avais jamais entretenu d’un « outil » que nous avons mis en place il y a 6 ans à la Bibliothèque de Lyon (quelque temps après mon arrivée… et à la suite de mes identiques fureurs – comme responsable de l’évaluation –  devant les insuffisances des outils autorisés par notre SIGB).

De quoi avons-nous besoin ?

Est-il vraiment indispensable de demander aux SIGB de répondre simultanément à toutes les exigences de la gestion bibliothécaire et à toutes les recherches hétéroclites de nos usagers ? Lorsqu’il s’agit de poser les contextes des recherches de ces usagers dans un cadre explicite, ou encore lorsqu’il s’agit de modifier une donnée ou un champ dans une notice ou un statut de document, c’est évidemment indispensable. Mais lorsqu’il s’agit de faire le point sur l’état à la fois global et détaillé de la collection et de son activité, et de pouvoir travailler sur cet état, la réponse peut être plus nuancée. Alors, si le lecteur est volontiers braconneur, le bibliothécaire peut aussi contourner les problèmes par des chemins de traverse…

Bien sûr, pour ces états sont nécessaires tous les éléments constituant les notices bibliographiques à laquelle sont rattachés chacun des exemplaires, mais également toutes les informations relatives à ces exemplaires particuliers (prêtables ou non, statuts – disponible en rayon, en cours de prêt, en commande, en reliure, compteur totaliseur des prêts, etc.), comme le comptage des prêts que ces ‘exemplaires ont connus au cours de l’année. Toutefois, en a-t-on besoin en permanence ? Doit-on impérativement contrôler cet état au jour le jour ? Thierry Giappiconi en a réalisé une version à Fresnes, et c’est une bonne chose, limitée à quelques items. Mais au fond, l’analyse de la collection est une opération ponctuelle, qui réclame un minimum de recul et tolère un décalage avec le ‘temps réel’.

C’est sur ce décalage, contraint par les rythmes d’activité de la bibliothèque autant qu’incitant à cadencer ces activités, que nous avons joué. Chaque début d’année, donc, les bibliothécaires reçoivent une matière brute et figée, mais riche, organisée et surtout malléable : l’état détaillé des collections (et de leur activité passée) proposées aux publics dans chacun de leurs espaces respectifs… Mais chaque année seulement (la tâche est lourde, et mobilise autant les ressources d’un informaticien que de la ressource machine), sauf exigence majeure subite.

De quel fichier disposent les bibliothécaires ?

Eh bien, ce fameux catalogue malléable est tout simplement un fichier Excel dont chaque ligne correspond à un exemplaire, les différentes colonnes proposant titre, auteur, éditeur, année d’édition, numéro de notice bibliographique, numéro de code-à-barres, statut au moment T de l’extraction (disponible, en prêt, en commande, en reliure, etc.), catégorie documentaire (livre prêtable ou non, DVD, disque…), nombre de prêts sur l’année écoulée, nombre de prêts depuis l’entrée de l’exemplaire dans la collection (en fait depuis l’implémentation du SIGB actuel, soit au plus loin mi 1999). Bien entendu on trouve aussi indice (et, par agglutination automatique d’indices, libellés de sujets, et par agglutination de sujets domaine de contenu), cote validée, etc.


Comment ces fichiers sont-ils produits ?

C’est évidemment l’étape la plus complexe. Elle procède de manipulations non propriétaires aux SIGB, mais exige une vraie compétence informatique. Je n’ai pas la prétention d’en pratiquer les arcanes, et c’est un informaticien attentif et expert qui en maîtrise le subtil et délicat  processus… Je ne suis ici qu’un perroquet qui retranscrit ce processus (Merci Christian !!) :

  • Tout d’abord, il faut pouvoir exporter la base de données bibliographique et la base des exemplaires en format ISO 2709. Ce fichier passe par une moulinette (j’adore ce récurrent raccourci informatique !smileys Forum) qui va transformer le fichier ISO en fichier ASCII. Sur ce dernier, on applique un script Awk pour sélectionner les champs pertinents, puis un second script Awk pour traduire les indices Dewey implémentés en sujets et domaines. Et voilà un premier fichier.
  • Deuxième opération : parmi les solutions possibles, si on dispose de Crystal Reports – parfois fourni avec le SIGB – ou d’un outil similaire, on peut opérer des requêtes SQL sur les tables d’exemplaires du SIGB pour extraire les données du  compteur des « prêts à vie » (total des prêts qu’a connu l’exemplaire). Et on a un deuxième fichier.
  • Troisième opération :  sur le même principe, on lance des requêtes SQL sur la table des prêts pour en extraire le nombre de prêts annuels. Et voilà un troisième fichier.
  • Les 3 fichiers ont en commun le numéro de code à barres de chaque exemplaire, et pour certains le numéro de séquence de chaque notice bibliographique. Cela va autoriser des requêtes MySQL croisées, pour produire des fichiers .txt exportés ensuite en Excel, puis mis en forme. Ces requêtes MySQL restreignent notamment l’étendue de la requête (ici une restriction par localisation des documents concernés). Attention : chaque sélection doit respecter les limites d’Excel : 65 536 lignes et 256 colonnes pour Excel 2003  (avec Excel 2007, on peut atteindre 1 048 576 lignes et 16 384 colonnes, mais alors le fichier, s’il est entièrement renseigné, risque de requérir la puissance d’un ordinateur de Météo-France pour pouvoir être simplement ouvert !smileys Forum), soit pas plus de 65 536 documents et pas plus de 256 champs, et que par ailleurs chaque cellule ne peut excéder 255 caractères (on oublie l’export des résumés… même avec Excel 2007 : la limite par cellule reste inchangée !). On va donc éventuellement  appliquer des requêtes restrictives par sous-localisation, support, sujet,  etc., (c’est là que le bibliothécaire doit signaler les segmentations pertinentes) jusqu’à obtenir des fichiers Excel manipulables.

Comment sont-ils utilisés ?

Comme j’ai pu le constater, ce « catalogue Excel » est accueilli comme le messie. Les bibliothécaires vont pouvoir trier, filtrer, établir des tableaux croisés dynamiques, copier des sélections, extraire des états partiels selon le statut ou le sujet, etc., bref gérer la réalité de leur collection, cette fois-ci sans nulle soumission aux contraintes des requêtes au SIGB smileys Forum. Par exemple  et pour me limiter aux opérations les plus couramment effectuées :

  • déterminer les titres candidats au désherbage (absences de prêts l’année écoulée et, pour les livres, date d’édition)
  • calculer pour les livres l’âge moyen ou médian dans chaque domaine
  • vérifier l’état de la collection pour chaque cote validée
  • même repérer les erreurs grossières de cotation ou de champs remplis mal à propos dans le catalogue ou les données d’exemplaires  (Excel est impitoyable de ce point de vue : un simple tri met en évidence les aberrations)
  • etc.

Un tel fichier peut également servir de base de travail pour l’analyse et le traitement prévisionnel de la collection d’une bibliothèque appelée à déménager en de nouveaux locaux et à renouveler ses fonds en libre accès. Vous avez un extrait d’un de ces catalogues ici.

Quelques astuces, accompagnements et contraintes…

L’intérêt majeur d’un tel fichier exporté au format Excel réside en sa plasticité qui, associée à la puissance des outils de calcul dudit Excel, met vraiment l’ensemble d’une partie du catalogue – celle qui intéresse le bibliothécaire à un moment T – sous la main du professionnel, et lui permet d’agir. Je sais qu’en l’occurrence je parle ici  d’un applicatif spécifique et propriétaire, Excel, mais j’imagine qu’on pourrait inventer des procédures similaires avec Open Office ou d’autres logiciels. A vous de dire…

(ouvrons une parenthèse) Pour ceux qui ne l’auraient pas remarqué, j’apprécie beaucoup Excel, pour quatre raisons :
1.  Le temps me manque pour explorer les arcanes de multiples outils alternatifs… et puis zut, je reconnais mes limitations technologiques !!
2.  Excel est installé nativement sur tous les postes professionnels de la bibliothèque où j’exerce (pack office) ;
3. Je crois indispensable que les agents soient maîtres de leurs outils, et qu’ils puissent manipuler les données de la façon la plus ergonomique ;
4. Enfin, raison majeure, Excel présente l’énorme atout d’être un couteau suisse du traitement des données : je parle ici du catalogue, mais j’ai évoqué ailleurs le traitement des réservations en cours, la gestion des plannings, les pointages de livraisons de libraire, comme j’aurais pu parler du suivi prévisionnel des acquisitions,des traitements statistiques, …

Un bon outil doit proposer une grande capacité de polyvalence de situations : dans les premières formations Excel organisées  auprès des agents, j’avais demandé qu’on commence par l’établissement de la feuille de paye de la nounou (maintenant, tous les outils sont en ligne)… Soyons maîtres de nos outils, mais plus la bibliothèque est grande et les compétences inégales ou diverses, et plus il faut proposer, pour autoriser l’exercice effectif de cette maîtrise, des couteaux suisses (pas si) rudimentaires mais (vraiment) polyvalents (fin de la parenthèse).

Toujours est-il qu’on ne balance pas des données brutes, fussent-elles sous Excel, à des collègues sans les accompagner. J’ai parlé de formation : c’est sans nul doute nécessaire, mais à condition de l’étayer abondamment par des accompagnements personnalisés, la mise en place de référents logiciels, et surtout de tutoriels les plus pédagogiques possible.
Ces tutoriels ne sont pas que techniques. Au contraire, ils doivent s’appuyer sur des situations appuyées sur des préoccupations professionnelles : par exemple, sur quels critères (et pourquoi) établit-on une sélection des titres de livres à désherber ? Que signifient un âge moyen et un âge médian dans le cas d’une collection d’imprimés ? Dans quel ordre procéder pour sélectionner les items adéquats ? Etc. L’outil n’est rien sans documentation professionnelle et accompagnements persistants.

Comment ce « catalogue Excel » s’articule-t-il avec les acquisitions régulières ?

L’avantage d’utiliser souvent Excel, c’est que ça permet de combiner plusieurs outils conçus avec   ce même Excel pour divers processus distincts. Les bibliothécaires disposent par ailleurs d’un fichier « tableau de bord des acquisitions », à la fois objectif annuel d’acquisitions et tableau de bord en temps réel du suivi de leurs acquisitions courantes. Ce fichier Excel comportant lui aussi une feuille avec une ligne par titre acquis, il n’est pas trop difficile, au prix de quelques copier-coller, d’établir un état par exemple à mi-parcours (en été) combinant la collection existante une fois désherbée et les acquisitions engagées, afin de vérifier les manques, les déséquilibres, etc., et donc de se mettre en mesure de les rectifier…

Est-ce une solution idéale ?

Non, bien sûr, ce n’est pas idéal, dans la mesure où, au fur et à mesure que l’année avance, l’absence de temps réel rend la gestion de ce ‘catalogue Excel’ – même combiné avec le fichier Excel des acquisitions – , plus hasardeux et moins pertinent. Mais c’est en tout cas bien plus efficace que l’attente millénariste du module de SIGB miraculeux qui viendrait résoudre toutes les angoisses, surtout si la production du fichier Excel est régulièrement regénérée.

Et puis, je crois que l’instantané que représente chacun de ces fichiers bruts est non seulement une excellente occasion offerte à tous les collègues de faire un temps d’arrêt sur ‘leur’ collection,  mais aussi une pédagogique opportunité de s’emparer de ses caractéristiques listées, de les trier, combiner, manipuler, etc. Certains d’entre eux vont jusqu’à vérifier l’évolution de leur fonds par juxtaposition de traitements successifs de leurs états annuels, pour réfléchir à l’évolution de l’offre qu’ils présentent à leurs visiteurs… Bref, on autorise ainsi ce dont nous manquons trop souvent : une mise en perspective, une prise de recul, un temps de réflexion au sein du flux pressant et continu des acquisitions, des emprunts, des questions des visiteurs, etc.

A souligner : trop peu de SIGB proposent nativement une exportation de requêtes MySQL des bases de données. A ma connaissance, seul Papyrus2000 propose nativement (donc sans toutes ces manip’, mais seulement pour petites et moyennes bibliothèques) à la fois export de la base et export de requêtes spécifiques via MySQL vers des fichiers Excel. Mais je ne suis pas expert en la matière… En connaissez-vous d’autres ? Et, si ça se trouve, vous êtes des centaines à pratiquer ce type d’export ?! Témoignez !!
Et sinon, chers collègues membres des clubs d’utilisateurs de SIGB, qu’attendez-vous pour imposer (proposer instamment ?) à vos fournisseurs l’ajout d’une telle procédure, ergonomique, indispensable à la gestion et à la maîtrise des données de vos établissements ?

lundi 1 mars 2010

Pourquoi les catalogues ne peuvent pas être 2.0.

Filed under: Non classé — bcalenge @ lundi 1 mars 2010

Plus j’y réfléchis (et ce depuis un bon moment), et plus je trouve étrange – autant que logique – l’obstination des bibliothécaires à vouloir entrer dans la ‘modernité’ à travers leur outil fétiche, le catalogue. Rappelez-vous : lorsque l’informatique première mouture (l’informatique de gestion)  a frappé à la porte des bibliothèques il y a un quart de siècle, qu’est-ce qui a suscité débats, réflexions et investissements ? Le catalogue, évidemment ! Lorsqu’on a commencé à parler réseaux dans notre métier, que trouvait-on en première ligne ? Encore les catalogues ! Dès que l’informatique a échappé par Internet à la seule gestion et est devenue information structurée – via le web et les bases de données -, une obsession a grandi chez les bibliothécaires : comment cataloguer le web, le faire entrer dans le… catalogue !
Et voilà que depuis quelques années les outils du web 2.0 sont avidement confisqués pour faire… un catalogue 2.0 !!  Les gens vont pouvoir y apposer leurs tags, leurs commentaires, se constituer une bibliothèque dans la bibliothèque, naviguer harmonieusement de notice en notice, etc…

Eh bien non, je ne crois pas à la validité d’un catalogue 2.0, parce que je pense que le catalogue n’est pas adapté à cet environnement, et parce je ne pense pas que les utilisateurs du catalogue soient demandeurs d’un tel ‘réseautage social’ – au moins concernant le catalogue lui-même.

Le catalogue n’est pas adapté au web 2.0

Un catalogue, qu’est-ce que c’est ? un outil permettant identification et surtout localisation d’un document ou d’un ensemble de documents au sein d’une collection. Et j’oserai même dire que l’identification (métadonnées, autorités, résumés divers,…) est essentiellement au service de la localisation. L’objectif du catalogue, c’est finalement l’appropriation du document matériel. Tout concourt à cela :
– la discrétion normalisée des notices, qui laisse peu de place au dialogue et au débat ;
– la sophistication des descripteurs, qui n’est possible que parce que les documents décrits sont stables et inanimés ;
– le caractère localisé des notices stockées, des recherches qui sont rendues possibles et des documents que ces notices ciblent : même en ligne, le catalogue fait bien entrer dans la bibliothèque.

Certes, on soulignera qu’il existe de timides exceptions. Mais regardons-y de plus près :
– certaines bibliothèques ont tenté, depuis plusieurs années, de laisser les utilisateurs apposer leurs commentaires voire tags. L’insuccès est au rendez-vous, et je laisse à Lionel Dujol le soin de le montrer brillamment ;
– on commence à évoquer des catalogues accessibles aux moteurs de recherche (on m’a parlé de PMB : est-ce vrai ?) : l’intention est louable, mais à qui cela va-t-il servir ? Une notice de catalogue déconnectée d’une collection ne satisfait que les bibliothécaires, et savoir qu’un habitant de Winnipeg pourra connaitre mes notices n’offre qu’une satisfaction bibliothécaire, non un service ;
– d’autres évoquent l’intérêt de « s’associer » à des catalogues sociaux de type Librarything ou Babelio. Pourquoi ? pour fondre le catalogue dans un réseau d’échanges ? Partiellement seulement, car comme le souligne ‘Des bibliothèques 2.0‘ : « Le but est d’enrichir nos OPAC avec du contenu déposé sur d’autres plateformes web. En gros, il existe des endroits où tout un chacun rentre ses livres, les commente, les note, les taggue, etc… Et c’est ces informations là, détenues par des institutions tiers, qui viendront enrichir nos OPAC. » Une fois encore, on rentre à la maison…

Notez que je ne parle pas ici de la mutation de certains  catalogues des documents numérisés de très grosses institutions ou consortiums confrontés à l’accès à des bibliothèques numériques en constitution (type Hathi Trust) : ceux-ci offrent un immense atout, permettre au moins pour la partie numérique des collections d’entrer dans le texte (sans devoir se déplacer à la bibliothèque), se constituer des collections de textes… mais je parle en fait des catalogues que nous connaissons dans l’immense majorité de nos établissements, ceux qui s’appuient sur les documents matériels présents sur nos étagères.

Les utilisateurs du catalogue sont-ils 2.0 de la façon qu’on les rêve ?

La « démarche 2.0 » n’est pas aussi consubstantielle aux usages informatifs qu’on voudrait bien le croire. Les exemples des catalogues de librairies en ligne foisonnant de commentaires ne me semblent pas probants : ces commentaires sont certes des recommandations, mais qui viennent de clients ayant investi une somme d’argent et faisant profiter les autres consommateurs -leurs collègues consommateurs – de leur expérience réussie ou de leur déception d’avoir dépensé pour « ça ». Nous retrouvons la même attitude sur des « catalogues » de sociétés de vente par correspondance ou des sites qui recensent les cinémas à l’affiche. Les documents de la bibliothèque ne « méritent » pas un tel retour sur investissement…

L’usager (potentiellement 2.0 ?) des bibliothèques est beaucoup plus prosaïquement évident : quand on sait que l’immense majorité des visiteurs du catalogue sont des visiteurs du lieu (86 % des visiteurs du site web généraliste de la BmL vont sur le catalogue), on peut se demander s’il ne faudrait pas déconnecter les arguments 2.0 de leur contexte numérique. Avant de se proposer (se dissimuler ?) derrière des outils, ne peut-on prioritairement prendre en compte les désirs de dialogue, d’échange, de participation des usagers ‘physiques’ de nos établissements ? Proposer de venir physiquement au débat organisé ou au cercle de lecture ? Offrir une réponse argumentée à celui qui espère une réponse argumentée à sa suggestion d’acquisition ? Mais aussi ménager plusieurs niveaux d’échange et de participation, non pas d’abord en ligne, mais surtout en présentiel : autoriser le dialogue et le rebondissement, encourager les échanges informatifs entre utilisateurs, etc ?


Et puisqu’on veut parler dialogue à travers le catalogue en ligne, où est le discours du bibliothécaire dans ce dernier (pour qu’un dialogue se noue, il faut qu’il y ait une première parole : les blogs le démontrent tous les jours) ? La parole du bibliothécaire se résume-t-elle à la notice normalisée NF Z 44-050, éventuellement ‘enrichie’ d’une jaquette piquée sur Amazon et d’un résumé quasi-retranscrit d’Electre (quasi, pour la question des droits d’auteur…) ? A quand non des signalements de critiques – avec lesquels  le lecteur n’est pas appelé à dialoguer : ils ne sont pas présents dans le catalogue comme êtres humains -, mais des vrais avis de bibliothécaires ?

Que faire ?

L’ambiguïté de cette ambition de participation-collaboration-appropriation que représente le web 2.0 est justement de ne pas arriver à se dégager du web, au point de ne pas imaginer les opportunités sociales et cognitives portées par le seul « 2.0 », c’est-à-dire le fil conducteur appliqué aux échanges sociaux même hors ligne. Pour en rester à la question des catalogues, je proposerais volontiers trois axes :

– produire un vrai contenu, et non se contenter d’agréger : on peut critiquer négativement un titre, le mettre en scène, proposer dialogues et réactions, et pourquoi pas instances de débat… Mais le catalogue est-il le bon lieu ? Un catalogue est neutre : il propose l’ensemble d’une collection, un bouquet de localisations repérables par diverses facettes. Ce qui conduit pour les bibliothécaires à adopter une prudente neutralité quant aux titres qui composent cette collection. Or une vraie médiation encourage la critique, la préférence, la passion, le débat. Je suis intimement persuadé qu’il faut créer ou rejoindre les espaces du débat, ailleurs : des blogs – de bibliothèques ou de partenaires -, des sites de passionnés – bibliothécaires ou non -, des propositions d’opinions argumentées, positives ou négatives (en ligne mais aussi dans la bibliothèque) ;
– laisser disséminer les données bibliographiques (et autres) du catalogue, notamment vers tous les sites -internes ou externes à la bibliothèque – qui permettent un tel débat, au lieu de toujours ramener vers le catalogue. Ce qui suppose, il est vrai, d’associer les notices du catalogue à ces débats extérieurs, donc à en permettre la capture ou le lien stable. Mais non pour en enrichir une capitalisation accumulative, mais tout bêtement pour offrir un lien (sur le web, un catalogue est un cul-de-sac : son essence est une description bibliographique incompréhensible pour qui ne vient pas dans le lieu…). D’ailleurs, à l’inverse, on pourrait aussi bien imaginer de supprimer le catalogue en tant qu’entité autonome pour l’imaginer bouquet de ressources bibliographiques documentant une base de supports précisément localisés,  assistance à un repérage de documents si soigneusement classés qu’ils peuvent en être inaccessibles ;


– enfin donc agir pour et avec l’usager 1.0, physique et d’abord présentiel : le visiteur n’attend du catalogue qu’une localisation aisément repérable en fonction des éléments dont il dispose pour le rechercher. Si déjà cela fonctionne ergonomiquement, c’est génial. Plus loin ? Bien sûr, on peut présenter une vignette de la jaquette ou des résumés, mais cela suppose un butinage aléatoire du visiteur dans le catalogue : je n’ai encore jamais rencontré cet étrange merle blanc (les jaquettes sont plus expressives sur les étagères que dans le catalogue…). Alors il faut bien s’occuper de ce visiteur si peu virtuel et si massivement utilisateur de ce fameux catalogue ! On peut veiller à en faciliter les itinéraires ou rebondissements de recherche localisée, bref en favoriser l’ergonomie heuristique pour les visiteurs de l’établissement, mais que diable, ne parlons pas là de « web 2.0 » !

Oui aux outils, non à la sidération

En fin de compte, je respecte le catalogue et son architecturation. J’approuve énergiquement les tentatives d’enrichissement de ses notices, que ce soit par des métadonnées sophistiquées,des  résumés, des critiques, etc, comme j’applaudis encore plus ses améliorations ergonomiques pour le visiteur. Mais je me défie du désir qui voudrait ramener l’internaute vers le catalogue comme coeur de l’activité de la bibliothèque, surtout en y convoquant le magique « 2.0 ». Il est bien d’autres outils et processus à visiter tant sur le Net que dans les murs de nos établissements…
Pourquoi un tel engouement pour poser du  2.0 sur le catalogue ? Ne serait-ce pas parce que ce catalogue est l’arme ancestrale voire ultime du bibliothécaire ?  On revisite volontiers  l’outil sans en questionner la destination…

Mais, je le soutiens, pour l’immense majorité des bibliothèques, c’est dans le présentiel que le catalogue doit trouver son avenir. Et la dimension participative voire collaborative du concept 2.0, n’est-ce pas là qu’elle doit prioritairement s’y développer très concrètement ?

N’hésitez pas à contester, amender, compléter, illustrer !…

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