Une fois n’est pas coutume, je me lance dans un billet technique Web 2.0. Je préfère en général proposer des réflexions sur les stratégies ou les perplexités à l’œuvre dans les bibliothèques, et pour lesquelles des outils ad hoc seront parfois imaginés par des personnes bien plus talentueuses, mais quand je trouve des bidouilles simples et vraiment utiles, je ne peux m’empêcher de les transmettre (un réflexe de comm’interne sans doute…). Ce qui pose la question de l’utilité, et donc des destinataires… On s’attachera ici à la dissémination des accès au catalogue, en donnant deux exemples concrets.
Un premier public : nos visiteurs fervents utilisateurs de nos collections
Lully, sur son blog « Encore un biblioblog…« , est une de ces personnes talentueuses qui manipule à merveille mashups, CSS, API et autres Yahoo pipes. J’admire, tout en pataugeant généralement dans ses explications , mais un de ses billets m’a suffisamment intrigué pour que je me lance. Le concept est simple : un internaute qui utilise le navigateur Firefox (quand même 1/3 des internautes… même si les Services informatiques des bibliothèques imposent souvent Internet Explorer pour les personnels ) peut télécharger sur Mozilla addons (le réservoir des thèmes et autres modules à la carte du navigateur) un plugin Add to search bar qui permettra d’intégrer de nouveaux moteurs de recherche dans la barre de recherche de Firefox. Ce plug-in a une particularité: une fois qu’il est installé dans Firefox, il est capable de reconnaître un grand nombre d’outils de recherche quand on se positionne dans la fenêtre de recherche d’une base de données qui vous intéresse. Prenons par exemple un catalogue de bibliothèque (Lyon au hasard) : vous accédez à la page de recherche, vous choisissez l’index le plus large – par exemple ici Auteur-Titre-Sujet combinés -, vous faites un clic droit dans la fenêtre de rédaction de la requête et choisissez dans le menu contextuel « Ajouter à la barre de recherche », une fenêtre s’ouvre, vous proposant de nommer cette base, vous le faites… et c’est tout !

un simple clic droit dans la fenêtre de requête
Désormais, dans la barre de recherche de Firefox, vous pouvez choisir de chercher un terme ou un ensemble de termes dans Google, Wikipedia, Yahoo, .., et dans le catalogue de Lyon !
J’ai fait ces quelques manipulations simples, et j’ai ajouté aussi bien l’OPAC de la BmL que son métacatalogue Catalog+ (qui, non content d’intégrer l’ensemble des ressources de toutes les bases et catalogues de la Bibliothèque de Lyon, fonctionne sur des requêtes en langage naturel) !

en fin de liste, le catalogue BmL et Catalog+
Apparemment, il est des moteurs de catalogues avec lesquels ça ne marche pas : essayez avec le vôtre !
Quel intérêt ? Les visiteurs utilisateurs de nos collections disposent largement d’Internet chez eux ou au travail. Ils fréquentent le site web de la bibliothèque, dont 49 % connaissent l’existence selon une récente enquête de fréquentation (et 86 % des visites sur le site web conduisent au catalogue, selon Alexa !). On a vu que 33 % d’entre eux utilisent Firefox. Leur signaler cette manipulation par une communication adaptée leur permettra de vérifier rapidement, sans faire les quelques clics qui les obligeraient à aller d’abord sur le site de la BmL puis sur le catalogue puis sélectionner le champ de recherche le plus large, qu’un titre, auteur ou sujet est bien à la bibliothèque, et vérifier dans la foulée son état de disponibilité voire le réserver (puisque la barre de requête de Firefox les emmènera directement dans le résultat au sein du catalogue) ! Seul bémol : les utilisateurs doivent la première fois répéter leur requête, car il faut passer par la page d’accueil du catalogue pour recevoir un cookie qui les reconnaitra ; mais après, plus de problème tant que le cookie n’est pas supprimé (ah ! ces fichus systèmes clos et incapables de laisser leur contenu simplement offert du premier coup !…)
L’atout de l’outil tient ici en deux points : les utilisateurs potentiels du plugin sont nombreux, et l’outil qu’ils doivent télécharger est un outil non cantonné à UNE bibliothèque ou base de données mais utilisable sur d’autres donc plus facilement intégrable à un univers personnel.
Un second public : nos collègues acquéreurs
Il y a quelques mois, Notre Silvère bibliobsédé nous signalait une autre bidouille (ne vous y trompez pas, le terme est élogieux !!) concoctée par un jeune ingénieur souhaitant retrouver instantanément sur la Fnac ou Amazon la disponibilité d’un titre dans une bibliothèque de son choix, sans même quitter la page où il naviguait, grâce à une fonctionnalité merveilleuse de Firefox (encore !) mais également adaptée pour Internet Explorer (quand même !) : il faut télécharger un autre plug-in – Greasemonkey : il modifie l’aspect des pages web ! -, choisir ses bibliothèques sur une carte ad hoc et ajouter celles qu’on veut, puis télécharger un plug-in spécifique. Une fois ces opérations terminées, une navigation sur la Fnac ou Amazon signale en-dessous de chaque titre si la(les) bibliothèque(s) choisie(s) possède(nt) ou non le titre par un code simple rouge ou vert. Explications complètes ici. Là encore, tous les catalogues ne répondent pas aux normes techniques permettant la manip’, mais il y en a un bon nombre ! Chapeau l’artiste ! Voilà ce que ça donne pour Lyon :
C’est vrai que l’outil est génial. Je suis en contact avec l’ingénieur concepteur du plugin – en vue d’élargir le panel des libraires et fournisseurs concernés -, mais plus pour mes collègues acquéreurs que directement pour nos lecteurs (même si bien sûr j’encouragerai la communication d’un tel outil auprès des lecteurs amateurs des collections). Pourquoi ?
La raison en est un peu floue, je l’accorde, et relève plus de l’intuition que du raisonnement valablement argumenté. Organisons les différents éléments :
– les manipulations sont nombreuses, et nécessitent une réelle maitrise des outils (deux plugins à télécharger, plus une sélection à opérer sur une carte dédiée) ;
– l’application ne fonctionne que sur une liste limitée de sites de libraires ;
– une fois l’information visible sur le site de libraire (la ou les bibliothèques sélectionnées possèdent l’ouvrage), il faut quitter le site du libraire et se rendre sur celui de la bibliothèque pour rechercher l’ouvrage.
Bref, c’est un outil de correspondance libraire –> bibliothèque réellement ingénieux. Mais quelque chose me dit que les amateurs et internautes et experts et amateurs de sites de libraires et passionnés de bibliothèque ne sont peut-être pas si nombreux que cela… Une fois encore, cela n’interdit pas de leur suggérer l’outil au sein de chaque site de bibliothèque, bien au contraire !
En revanche, il existe un autre public très directement intéressé au quotidien : les bibliothécaires acquéreurs. En effet, lorsqu’après lecture de nombre de critiques et sites spécialisés le bibliothécaire entre en phase active d’acquisition, il se connecte à des sites de libraires ou fournisseurs de notices (tels Electre, Amazon ou Decitre) en gardant constamment à l’esprit une question sous-jacente : « avons-nous le document à la bibliothèque ? ». En général, on commence par régler cette question en opérant une série de requêtes dans le catalogue pour éliminer les ‘déjà acquis’, avant enfin de s’attaquer à la question de la disponibilité et de la commande . L’outil de Damiano Albani (l’ingénieur en question) économise une étape lourde et fastidieuse, celle du tri préalable au sein du catalogue (à condition bien sûr que les titres en commande soient accessibles sur le catalogue en ligne). On établit sa liste au vu des choix critiques opérés… et on va directement au site du libraire en économisant le passage de tri via le catalogue !! (et en plus si on utilise Moccam-en-ligne, on génère en même temps les paniers de commande et les notices d’acquisition du catalogue local !). Et en plus c’est gratuit
!
Bref, on a là un public rêvé pour un outil parfaitement ergonomique. En l’occurrence ce n’est pas là tant le public de nos visiteurs-consulteurs-emprunteurs que le public de ceux qui les servent, les bibliothécaires ! Cela n’enlève rien à la valeur de l’outil, mais en vectorise l’intérêt.
L’outil est à la fois au service de la stratégie et asservi aux usages : gardons cette règle à l’esprit dès qu’on nous propose une innovation.
Non ?