Un billet fascinant de Novovision, intitulé ‘Accès à l’information : le retour des médiateurs’, insiste sur le fait que « Les enjeux de l’information, comme le signalait déjà Alexandre Serres en 2004, ne sont plus dans « la maîtrise des stocks », mais dans la gestion « des flux ». Ils ne sont plus dans la « validation a priori » de l’information, mais dans la validation « a posterori »« . Et Narvick d’en conclure qu’il s’agit là d’un « déplacement de l’épicentre du journalisme ».
Les bibliothécaires se positionnent-ils dans la validation a priori ou dans celle a posteriori ? Un regard hâtif sur leurs activités laisserait penser qu’ils fonctionnent effectivement sur ce modèle que Narvick appelle de ses voeux pour les journalistes : loin de ‘créer’ l’événement, les bibliothécaires sélectionnent a posteriori l’information produite par les éditeurs.
Dans un billet ultérieur Affordance parle de journadocumentaliste en citant un article d’Alain Joannès sur Journalistiques : ce dernier fournit une liste ordonnée de liens outils de travail du journaliste qui fait écrire en commentaires à notre honoré et permanent Silvère qu’il existe une curieuse similitude entre notre métier et celui de journaliste. Je passe sur les échanges houleux qui suivent…
L’information se déploie largement hors de ce cadre qu’est l’édition traditionnelle : les sites institutionnels ou personnels véhiculent une masse de savoir que même les éditeurs renoncent à en mettre en forme le flux, et débordent massivement les productions habituelles des journaux et revues, comme les collections des bibliothèques. Les bibliothécaires en sont tout désarmés… Ils peuvent se demander si leur métier ne les emmène pas « ailleurs ». Je n’en suis pas si sûr.
Bien sûr, les techniques de recherche et de validation de l’information diffusent largement au sein des différents métiers qui en traitent, ne serait-ce qu’à cause du ‘support-source’ (et de ses caractéristiques) qui constitue leur envahissant terreau de ressources communes, Internet.
Mais ne confondons jamais techniques et contenus de métier. La « création d’information » est une notion évidemment réservée aux journalistes : à eux la charge d’assembler aujourd’hui peut-être plus des fils épars sur la Toile plus que le résultat d’enquêtes personnelles invisibles. A nous de prendre en charge une communauté pour lui donner des informations multiples, de la formation, de l’assistance à trouver leur manne, et même des lieux de partage et d’échange (conférences, services personnalisés, etc.). Par tous moyens.
Et pour rester dans les techniques respectives des deux métiers, les nouveaux journalistes sauront peut-être extraire la substantifique moelle de ce flux, mais il faudra aussi de nouveaux bibliothécaires pour signaler leur travail, et proposer de nouveaux modes de médiation, comme inventer de nouveaux liens sociaux, développer l’appétit de savoir d’une population précise, etc.
On n’a pas fini d’imaginer l’avenir !!